Un petit mot sur Maman
Remerciements au nom de Papa, Alain, Lucie, Sylvie, nos conjoints et les petits enfants et en mon nom personnel. Les marques de sympathie, les gentilles attentions, la compassion et l’Amour que nous avons senti nous réconfortent réellement et nous ont touché profondément. Nous vous en sommes éternellement reconnaissants.
Je suis chargé de vous livrer le petit mot sur Maman. D’ailleurs, étant donné que j’Ai le public captif je vais en profiter, ça ne devrait pas durer plus d’une heure…non sérieusement…
Comment débuter, tant de choses à dire et si peu de temps pour le faire. Trop peu de temps.
Maman était une personne forte, en santé, une sorte de roc indestructible. Je ne me souviens pas que l’idée qu’elle puisse partir avant nous ne m’ait jamais effleuré l’esprit. La pensée magique, un petit restant d’adolescence peut-être!
Maman était une femme de peu de mot, sa nature profonde la portant beaucoup plus vers l’action. Pour elle les formules du genre « il faudrait »ou les «j’aurais donc du» étaient à peu près absentes de son vocabulaire. Maman pensait, décidait et agissait. Pas toujours des petits projets en plus.
Vous dire des exemples, Maman vous le savez maintenant, a passé sa dernière journée à travailler en forêt pour préparer le bois de chauffage de l’an prochain.
La dernière fois que Maman a vu un médecin, le stade olympique de Montréal était encore en construction, ça fait plus de trente ans… Maman marchait au moins 5 à 6 km par jour ( les petites journées ). Le jardin, les fleurs, la pelouse, le temps des sucres, etc… je peux vous assurer que Maman a passé infiniment plus de temps en espadrilles et en bottes de travail qu’autrement et elle n’avait à peu près pas ralenti le rythme ces dernières années.
Maman avait aussi su cultiver son esprit, beaucoup de choses l’intéressaient et discuter avec elle était tout sauf monotone.
Maman avait horreur de la maladie, c’est à mon sens la personne que je connais qui tolérait le moins bien la maladie, autant pour elle que pour les siens. Ce n’était pas de l’insensibilité, c’était juste intolérable pour elle et elle préférait l’ignorer. Pourtant elle nous a soignés et accompagné dans nos petits pépins de santé, mais son attitude, sa force étaient contagieuses et faisait que sur nous comme sur elle la maladie ne pouvait qu’abdiquer.
À bien y penser, si Maman avait pu choisir la manière dont son chemin sur terre se terminerait, c’est assurément le choix qu’elle aurait fait. Sans avertissement, debout et en vaquant à ses occupations habituelles.Autonome et indépendante, elle l’était jusque dans sa spiritualité. Elle s’était fait (avec Papa) une petite grotte pour sa sainte Vierge, bénie par le pape, de manière à pouvoir tranquillement la prier en paix dans sa cour. Elle était très croyante, pieuse et pratiquante. Pratiquante toutefois l’été seulement, elle aimait beaucoup aller entendre la messe l’été à la chapelle de la mer, à pied beau temps mauvais temps. Elle priait toutefois tous les jours, sans déranger personne, elle priait surtout pour ses proches, pour remplacer les prières qu’elle les savait ne pas faire. Elle faisait certainement une bonne job parce que la vie a été, somme toute, plutôt bonne et surtout belle pour nous tous.
D’ailleurs des évènements comme celui qui nous réuni, ça brasse un peu les croyances. Vous admettrez avec moi que ça peut paraître assez injuste ou à tous le moins c’est frappant, inattendu, désarmant. Je vous dirais que nous sommes tous passé à peu près par les mêmes sentiments. Ça commence par l’incrédulité, c’est suivi par une sorte de colère ou d’incompréhension, puis tranquillement c’est l’acceptation de l’inexorable. Et pourtant, vous dirais-je, ça brasse les croyances. Je m’explique.
Vous arrive-t-il de faire certaines choses quand vous savez que vous n’êtes pas observé? S’arracher un poil dans le nez, se gratter une fesse ou autre chose? Tient par exemple, levez la main ceux d’entre vous qui ne se sont jamais fait une grimace dans le miroir de leur salle de bain!!! Et bien moi, pour la première fois de ma vie, dimanche dernier, j’ai fait quelque chose, que je ne vous dirai pas d’ailleurs et je me suis surpris à penser même à espérer que Maman me voyait. Et pourtant, je suis bien loin de la description qu’on pourrait faire d’un mystique.
Un mot maintenant sur l’amour et l’amitié. Maman pour quelqu’un qui ne la connaissait pas passait facilement pour une personne un peu froide ou distante. Et pourtant. Maman, comme toutes les mamans et les papas du monde, a aimé et été aimée beaucoup. Elle nous aimait nous, Papa, ses enfants et petits enfants, sa famille proche, inconditionnellement. Ce qui n’exclu pas les divergences de point de vue ou d’opinion, qu’elle se chargeait fort bien de nous laisser connaître au besoin. Pour Maman l’amour ne voulait pas dire complaisance et gare à celui ou celle qui osait d’aventure ou devrait-on dire d’inconscience, s’attaquer à sa famille proche, cette personne en était quitte pour expérimenter les défenses de Maman, expérience douloureuse qui avait tôt fait d’éloigner l’intrus de manière assez efficace.
Pour ses amis c’était un peu différent. Vivre et laisser vivre ou la liberté de l’un commence où celle de l’autre commence. Mais n’entrait pas qui voulait dans la bulle de Maman, ça se méritait parce que quand elle avait ouvert son cœur elle le refermait rarement. C’est pourquoi vous, ses amis, pour qui le deuil est probablement aussi difficile que le nôtre, sachez que vous serez toujours les bienvenus chez nous car, nous n’en doutons pas un seul instant, vous êtes des personnes de grande qualité et des gens vrais. Les autres nous ne les avons pas connus.
Le deuil aussi nous fait voir les choses sous un autre angle. On dit parfois pauvre lui ou elle ils ont perdu leur mère ou un être cher. La perte quel mot horrible. Sachez bien qu’après aujourd’hui nous, de cette famille ne dirons plus jamais ce mot en parlant de quelqu’un. À preuve, Maman avait un petit livre dans lequel elle écrivait tout ce qu’elle avait fait de sa journée, la température…et en date du 26 septembre, Papa a écrit : «Bye bye ma grande»…Samedi, et nous avons mis 40 ans et plus à le comprendre, nous n’avons pas perdu Maman, elle avait et gardera toujours une place de choix, la meilleure, bien au chaud dans notre cœur et dans nos souvenirs.
Bye bye MAMAN, NOUS T’AIMONS FORT!!!!
de lulu...